Une transat ouverte…  qui s’ « anglicise » !

"Au menu aujourd'hui : des vents erratiques. Ces conditions sont imprévisibles, ça s’en va et ça revient. La mer est  très désagréable, ça tape à bord de StMichel-Virbac. Bravo ultime à François. C'est impressionnant cet enchainement de victoires !" JP Dick

11.05.2016

Des conditions incertaines et rythmées intensifient et complexifient le jeu pour les 17 solitaires des classes IMOCA, Class40 et Multi50

À mesure que les jours passent, que les milles défilent et que les systèmes météo s’enchaînent, The Transat bakerly affirme son visage d’épreuve rugueuse et difficile sur son parcours d’Est en Ouest à travers l’Atlantique Nord. Après un début sous le signe de conditions atypiques, tous les ingrédients sont plus que jamais réunis pour réserver des surprises et des rebondissements aux 17 solitaires répartis en trois classes (IMOCA, Multi50 et Class 40). Pour ces concurrents engagés dans une course de tous les instants, le jeu reste très ouvert.

Mano à mano de « monos »
À l’image du duel au couteau livré par les deux premiers Ultime qui ont dû attendre le final de la course pour se départager, le mano a mano de « monos » qui opposent Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) et Vincent Riou (PRB), à bord de leur 60 pieds IMOCA taillés pour le tour du monde, n’a pas fini d’attiser le suspense. Pour preuve, l’écart de 90 milles qui séparait hier ces deux leaders a fondu de presque moitié ce matin aux abords de la route directe, à la longitude de Saint-Pierre-et-Miquelon.

« The Transat est une course hors normes. On ne s’ennuie pas ! Notre trace n’est pas du tout directe. On doit composer avec cette météo ! Beaucoup de choix stratégiques et peu de répit pour se reposer.  On a eu tous les types de météo en un laps de temps très court. Il faut être à fond jusqu’au bout car personne ne lâchera le morceau. Je continue ma route en m‘appliquant dans les manœuvres, dans la gestion du bateau et dans l’élaboration de la stratégie. » Armel Le Cléac’h

Dans ces quartiers Nord, la bataille redouble d’intensité et gageons que les deux compères, qui progressent désormais à moins de 800 milles de l’arrivée, ne cèderont rien dans leur bataille acharnée. Dans leur tableau arrière, Jean-Pierre Dick (St Michel-Virbac) ne doit pas ménager sa peine pour maintenir ce tempo effréné qui en appelle autant au bon sens marin qu’aux réflexes de régatiers. Au neuvième jour de course, il concède désormais près de 150 milles sur les duettistes de tête dans des conditions qui favorisent un effet d’élastique usant pour les nerfs. « Aujourd’hui je devrais à nouveau toucher des vents erratiques et multiplier les manœuvres. Ces conditions sont imprévisibles, ça s’en va et ça revient. La mer est très désagréable, ça tape à bord de StMichel-Virbac », annonce dans un message le « gentleman skipper » avant d’ajouter un petit mot de circonstance : « Bravo ultime à François. C’est impressionnant cet enchainement de victoires ! »

« Les deux prochains jours, vont être très, très compliqués avec plein de phénomènes à traverser, du vent, pas de vent, et du courant… Plein de choses qui ne vont pas super bien ensemble, et je pense que ça va être compliqué… Avec ou sans Thibaut (Vauchel-Camus) ! » Isabelle Joschke

Les Class40 ne sont pas en reste, bien au contraire, alors qu’ils ne sont pas mieux logés à l’enseigne de la météo avec des phases de transitions toujours très sollicitantes sur le pont. A 1 350 milles de l’arrivée, Isabelle Joschke (Generali-Horizon Mixité) donne toujours le « la » dans des vents légers (12-15 nœuds) et contraires en bordure de zone des glaces. La navigatrice affirme son talent forgé par sept années sur le circuit Figaro face à de redoutables compétiteurs, tel Phil Sharp (Imerys) toujours très accrocheur qui affiche la meilleure progression sur les dernières 24 heures. Le voilà revenu dans le match, en deuxième position : un beau cadeau pour celui qui fête aujourd’hui ses 35 ans et a volontiers mis du cœur à l’ouvrage pour refaire une partie de son retard concédé en s’acquittant sur l’eau d’une pénalité de six heures. À noter aussi le beau retour ces derniers jours d’Édouard Goldbery (Région Normandie), qui pointe désormais à 50 milles de la tête de flotte. Et dire que ce jeune skipper découvre l’art de mener un Class40 dans le contexte de cette transat anglaise !

Un océan d’incertitudes

Chez les Multi50 enfin, la course reste très indécise et ouverte entre les quatre bateaux qui donnent toute la mesure, sur des trajectoires très divergentes, de la dimension stratégique de la course. Face à une météo incertaine, les pronostics restent très ouverts. Les sudistes, Gilles Lamiré (French Tech Rennes Saint-Malo) et Érik Nigon (Vers un monde sans sida) vont-ils parvenir à éviter les nombreuses bulles sans vent qui jalonnent leur remontée vers New-York ? Lalou Roucayrol (Arkema) a-t-il mangé son pain le plus noir sur sa route semée de pièges et d’embûches pour refaire son retard de 200 milles ? Le doute persiste. Entre zones de calmes et remontée au près laborieuse, les nerfs autant que les organismes n’ont pas fini d’être malmenés. Pour l’heure, difficile de se hasarder au moindre pronostic sur un océan Atlantique perturbé, qui crée autant de « remue-méninges » qu’il menace de générer du remue-ménage dans les prochains classements.

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