BIENTÔT L’AMÉRIQUE !
- Alexis LOTTON
- 19 mai 2016
- 3 min de lecture
“Ce parcours à été passionnant, contournement d'un anticyclone dès le départ, négociation d'une grosse dépression au nord des Açores qui s'est creusée avec des rafales à plus de 50 nœuds, positionnement pour contourner la zone des glaces…”
19.05.2016
Alors qu’il est attendu dans la nuit américaine de vendredi, Louis Duc revient sur son parcours, l’anticyclone, le Gulf Stream…
« Il paraît qu’on peut devenir riche là-bas, enfin c’est qu’ont pensé beaucoup de gens qui ont émigré là-bas à une époque ! J’aurais plus tenté ma chance comme chercheur d’or, tradder je le sens pas trop ! Je suis plus dans le technique moi. Ce qui fait penser à l’époque des grands clippers qui partait de New York pour rallier San Francisco en passant par le cap Horn, pour revenir chargé d’or ! Ça ferait une belle course ça en Class40 ? Elle a déjà existé ! Sous forme de record d’abord, avec Isabelle Autissier, ensuite une épreuve avec une seule édition remporté par Yves Parler en 98 ?... Les Clippers, début des grandes folies à la voile… ou pas vraiment, y’en a toujours eu en fait des folies ! Quand on pense à Christophe Colomb qui part de chez lui tout droit sans savoir vraiment ou y va ! Et maintenant on voit des fous furieux comme Gabart ou Coville traverser sur une patte l’Atlantique en une semaine!!
Bref, dans mon cas, si pas de bêtise, je devrais mettre le pied sur le sol américain demain vendredi après-midi, après 18 jours de course en solitaire ! Je viens de vivre une course mais surtout une grande aventure passionnante, c’est ma deuxième participation, on croit toujours savoir ce qui nous attend, en fait ça ne se passe jamais comme prévu ! Chaque transat se vit complètement différemment !
Ce parcours a été passionnant, contournement d’un anticyclone dès le départ, ce qui nous a fait passer presque au cap Finisterre, négociation d’une grosse dépression au nord des Açores qui s’est creusée avec des rafales à plus de 50 nœuds, positionnement pour contourner la zone des glaces… Depuis un moment, j’étais à l’affut d’une opportunité de trajectoire pour m’échapper, et j’ai vu sur les modèles une porte s’ouvrir vers le sud, avec une météo fiable ce qui n’était pas le cas dans le nord. Chaque jour qui passait, je comparais mes simulations de trajectoire avec le bateau de tête du groupe du nord. A plusieurs reprises, je me suis vu jouer avec la victoire finale, en fonction des prévisions météo et des jours qui passaient, mon humeur variait selon l’avancement des autres bateaux…
Sur cette dernière partie de course, nous avons subi les Effets du Gulf Stream ! Nous avions des modèles de prévisions des slaloms que peut faire ce courant d’eau chaude, en théorie très précis, qui se sont avérés totalement inexploitables, quand je pensais être dans une zone sans courant, je me suis retrouvé pendant toute une nuit avec 3 à 4 nœuds de courant contraire ! Très rageant ! Chez nous les courants, ils sont précis en intensité et en timing au quart d’heure ! En bon Normand, je me disait de toute façon, ça va pas durer, va y avoir la renverse ! Mais non ! C’est pas des courants de marée!!Par contre il lève la même mer que dans les Anglo-Normandes !! J’ai eu l’impression de passer le raz Blanchard sur une période de 1 000 milles!! ça fait beaucoup pour nos bateaux! le marin, lui, il s’adapte, mais pas le bateau!! Soit y passe, soit y casse!! Et de la casse on en a vu Isabelle, qui faisait une course exemplaire à dominer de main de maître les avances de nos amis malouins et Jersey, c’est vu terminer son parcours à Saint Pierre et Miquelon! Pour être déjà passé par là-bas, je suis sûre qu’elle a été très bien accueillie !
Bref, demain on arrive, avec un grand plaisir d’avoir emmené ce beau projet de l’autre côté de l’Atlantique, mais avec un petit goût qui reste amer, qui dit : il va falloir continuer encore, on va y arriver!!! »