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DANS LES MÉANDRES DU GULF STREAM

“« Le jeu de l’élastique se poursuit avec Vincent et Jean-Pierre. Je suis le premier à entrer dans les molles, mais aussi le premier à en ressortir… J’ai à peu près cinq heures d’avance et ça va repartir par devant. Il reste encore deux jours de course. Il faut rester au taquet ! » Armel Le Cléac’h”


12.05.2016


Pour rallier New-York au départ de Plymouth, il faut affronter des vents contraires, mais aussi naviguer contre le courant océanique…


Chauffée par les températures torrides de l’équateur, l’eau de mer se déplace dans l’océan Atlantique en un vaste tourbillon qui longe les côtes de la Floride, suit les rives est américaines jusqu’au cap Hatteras, oblique vers les bancs de Terre-Neuve où il affronte alors le courant froid du Labrador qui descend du Groenland, avant de se disperser en volutes vers l’Irlande et le Portugal.


Ce courant chaud est un véritable fleuve à l’intérieur de l’océan, large de 30 à 150 km sur une profondeur de 300 à 1 200 mètres devant Miami, perdant au fil de sa pérégrination, de son intensité et de sa chaleur (24°C). Mais s’il est relativement canalisé lors de son périple Nord-Sud le long des Etats-Unis, il se disperse en méandres et en spires plus ou moins stabilisées avant d’arriver sur les bancs de Terre-Neuve.


« Ce sont des conditions complètes : on doit remettre tout sur la table plusieurs fois par jour car c’est difficile d’avoir une lecture à peu près correcte de ce qui se passe. Observer un bateau qui navigue devant nous est un super indicateur pour voir ce qui nous attend ! » Vincent Riou


Cette multiplicité d’ondes, de sinuosités, d’enroulements, de crosses, de courbes est variable non seulement selon les saisons mais aussi quotidiennement, même s’il y a un cheminement privilégié entre le cap Hatteras et les bancs de terre-Neuve. Et comme ce courant général océanique reste en bordure du plateau continental, il n’influence la navigation des solitaires de The Transat bakerly que de la zone interdite du sanctuaire des baleines dans le Sud de Nantucket jusqu’à la zone d’exclusion des glaces dans le Sud de Saint-Pierre & Miquelon. Une tranche de 600 milles tout de même qui, avec sa confrontation au courant froid du Labrador, génère brouillard, bruines et chocs thermiques importants. Son intensité atteint tout de même plus de trois nœuds en certains endroits…


Les plus touchés par ce système océanique sont donc les Multi50 de Gilles Lamiré (French Tech Rennes-Saint Malo), Lalou Roucayrol (Arkema) et Pierre Antoine (Olmix), les monocoques de Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) et de Paul Meilhat (SMA), et tous les Class40. Le leader des IMOCA et son poursuivant direct ont intégré ce paramètre pour rester plus au Nord, ce qui va porter ses fruits particulièrement lors de la molle qui s’annonce en soirée lorsqu’ils devront traverser une bulle sans vent. Le final s’effectuant essentiellement le long du plateau continental, le Gulf Stream y est très peu sensible.

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