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Échos du large

“«Je vraiment ravi d’avoir bien passé cette première expérience de naviguer sur un gros bateau comme Actual (...) À aucun moment je me suis senti en difficulté" Yves Le Blevec”


12.05.2016


Les vacations en ce 10è jour de course d’Yves Le Blevec, Armel Le Cléac’h, Louis Duc et Robin Marais


Yves Le Blevec (Ultime-Actual) : « Là, je profite d’une mer complètement lisse dans 10-12 nœuds de vent : le bateau glisse à 16-18 nœuds, les conditions sont idéales. Je viens de me faire un petit dej’ au soleil. Je savoure, je profite pleinement de ces très bons moments que je suis en train de vivre. J’ai croisé un plaisancier qui m’a souhaité la bienvenue sur le continent américain, c’était plutôt sympa. Je suis très content d’arriver. Comme les deux premiers sont arrivés, je n’ai plus du tout d’enjeu sportif, je suis beaucoup plus détendu même si cela ne m’empêche pas de naviguer vite avec un niveau assez élevé. Je suis plus serein et c’est très agréable. Sur cette transat, je n’ai pas eu de conditions dantesques, mais je suis vraiment ravi d’avoir bien passé cette première expérience de naviguer sur un gros bateau comme Actual. Cela reste assez particulier parce que tous les efforts sont vraiment importants. À aucun moment, je me suis senti en difficulté à cause du bateau, et c’est très satisfaisant. »


De l’acquis d’expérience et un grand pas en avant en termes de fiabilité à bord de Banque Populaire



Armel Le Cléac’h (IMOCA-Banque Populaire) : « Les conditions se sont calmées depuis quelques heures par rapport à ce qu’on a eu en début de nuit avec le passage d’un front assez tonique. Le vent a refusé, on n’est plus à des vitesses très élevées, mais ça avance quand même. Cela me permet de me reposer après la journée d’hier dans beaucoup moins de vent que prévu et qui tournait dans tous les sens, très difficile à lire pour tenir le bateau sur un cap correct et avancer. Le vent s’est ensuite très rapidement renforcé avec ce petit front. J’ai eu jusqu’à 40 nœuds avec des orages, donc il a fallu réduire la toile, manœuvrer, virer de bord. Là, j’arrive à faire quelques milles tout en parlant, c’est plutôt positif ! Ce soir, il va falloir négocier la transition du vent de Nord-Ouest au Sud, avec une petite période délicate sans vent : cela va sûrement revenir par derrière, et il faudra repartir pour grappiller des milles dans l’autre sens. Comme on se rapproche de l’arrivée, j’essaye d’un peu plus contrôler. Le schéma est assez clair dans ma tête, mais je me méfie, parce qu’il y a quand même des différences entre les fichiers et ce qu’on a sur l’eau. Les températures des masses d’air et de l’eau avec les courants, influent pas mal sur la force du vent qu’on peut avoir. On n’est pas à l’abri de quelques surprises sur ces dernières 48 heures. Sur cette transat, même s’il reste encore deux jours de course, j’ai l’impression qu’en termes de fiabilité du bateau, on a fait un grand pas en avant. Je suis plutôt content du bateau et de son comportement avec les foils. On est venu sur cette transat pour acquérir de l’expérience en solitaire, au large, dans des conditions toniques… Et c’est ce qu’on a eu avec peu de repos et peu de répit. C’est une expérience qui me servira pour le Vendée Globe. »


Beaucoup de plaisir dans des conditions variées et rythmées qui rendent le parcours Plymouth-New York exceptionnel aux yeux de Louis Duc ; l'heure d'un choix stratégique pour Robin Marais


Louis Duc (Class40-Carac) : « Les bénéfices de l’option, je pense qu’on les verra vraiment à New-York, parce que je vais repartir dans le Sud dès ce soir, quand je toucherai du Nord-Ouest, et il est possible que cela se termine avec du Sud-Ouest pendant un moment. Avec ce scénario, la conclusion de l’histoire, on ne l’aura très probablement qu’à la fin. Jusqu’à maintenant, c’était un peu la transat des alizés et hier ça s’est transformé en mer hachée, du près, 35 nœuds, du courant… Et la semaine qui vient, cela va être ça en pire ! Je n’ai pas de casse du tout, juste des petites prises d’eau qui m’obligent à écoper, mais le bateau va pas mal et moi j’arrive à bien me reposer malgré tout ; du coup j’attaque la dernière partie du parcours à maximum à bloc ! La mer est dure. À droite, j’ai une petite dorsale, donc du grand beau, et à gauche, il y a des nuages tout gris, là où il y a du Sud-Ouest. Les derniers jours, j’ai vu quelques dauphins qui m’ont accompagné, j’ai aussi vu, il y a deux-trois jours, quelques baleines avec des beaux jets, c’était assez sympa… Je prends énormément de plaisir depuis le début. On a navigué dans du portant, au près, dans la brise, dans une belle dépression, dans du petit temps. J’aime beaucoup naviguer dans des conditions variées ; et pour ça, ce parcours se révèle assez exceptionnel ! »


Robin Marais (Class40-Esprit Scout) : « Tout va bien à bord, même si j’ai eu des petites bidouilles qui m’ont un peu embêté dans le passage de la première dépression, notamment des problèmes au niveau de la grand-voile que j’ai pu résoudre en faisant collage sur collage. Pour l’instant, ça tient ; et il faut vraiment que ça tienne jusqu’à l’arrivée. Cela ne s’annonce pas facile pour rejoindre New-York ; a priori, ce sera assez dur et long. Je suis en train de regarder les différentes options possibles, dont une essentiellement au près dans du vent très fort ; et l’autre, que j’étudie, mais elle n’est pas forcément évidente. On va voir aussi ce que font nos petits camarades, notamment notre ami Louis Duc, qui est dans le Sud de la flotte. S’il faut prendre une décision, il faut la prendre assez tôt, sachant que globalement cela ne changera pas grand chose pour le passage du front la nuit prochaine. Cette nuit, j’avais environ 20 nœuds au près le plus serré possible, et là, je suis dans une petite molle avec un peu de soleil ; et c’est plutôt cool, parce que, lui, on ne le voit pas très souvent ! L’air s’est beaucoup rafraîchi par rapport à cette nuit, on rentre dans une nouvelle masse d’air, mais c’est bien parce que la pétole, cela commençait à devenir un peu dur pour les nerfs. Je suis resté longtemps bien englué, en tout cas un peu plus que mes petits camarades. Il était temps d’en sortir, même si c’était pour aller dans du vent fort au près. Sinon, tout va bien, je prends du plaisir en Class40, à découvrir le bateau. J’ai l’expérience de la Mini-Transat, qui est quand même très formatrice, et je n’ai pas eu de mal à trouver le rythme, même si la vie à bord est quand même un peu rude ! Je dors quand même plus la nuit que le jour, mon pilote automatique fait globalement très bien son travail. Je fais deux-trois petites siestes de 20 minutes dans la journée, et parfois le double d’une demie heure le soir ! »

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