“« Les températures sont très douces, l'eau est plutôt chaude, je ne sais pas si c'est ce qu'observent mes copains nordistes. Moi j'ai l'impression de naviguer contre les alizés ! Pour les manœuvres, c'est relativement moins désagréable. Il y a de grande chance pour que ça dure jusqu'à l'arrivée !”
12.05.2016
Yves Le Blevec est à moins de 250 milles de l’arrivée, Armel le Cléac’h conforte son avance, Louis Duc tire les bénéfices de son option
À l’aube du 10è jour de course, New-York s’apprête à accueillir le troisième trimaran Ultime. Yves Le Blevec (Actual) est en passe de relever son pari de mener en solitaire son trimaran de 31 mètres de l’autre côté de l’Atlantique. Une première et une sacrée performance pour ce skipper engagé à la barre d’une machine à vent plus ancienne et moins véloce que celles de ses prédécesseurs. Mais avant d’en finir, il doit déjouer les caprices du vent et ceux du fameux Gulf Stream, véritable juge de paix de cette fin de parcours à travers l’Atlantique Nord. Autant d’obstacles qui ralentissent sa progression vers la ligne de la délivrance, comme en témoignent les quatre petits nœuds de vitesse instantanée affichée au compteur ce matin.
« Il commence à fait très froid : je suis dans le courant du Labrador, l’eau est à 5-6°C et comme le carbone est froid, le bateau est froid… J’ai sorti les tenues des mers du Sud : 3 couches en bas, 4 en haut, bonnet, chaussette polaire et je carbure à la soupe ! Le vent va se renforcer avant une grosse accalmie en fin de journée jeudi. Il va falloir bien négocier ce moment délicat qui devrait-être le dernier gros piège avant l’arrivée prévue dans la nuit de vendredi. ». Armel Le Cléac’h
Désormais sur la même latitude que New-York, le trio leader des IMOCA doit faire route plein Ouest… Mais lui aussi doit composer face au courant du Gulf Stream. Dans un scénario météo plutôt bien établi, Armel Le Cléac’h (Banque Populaire VIII) affirme son leadership, notamment face à son plus fidèle et plus proche concurrent, Vincent Riou (PRB) qui déplore des problèmes de réception d’informations météo. Un handicap alors que la bataille fait rage et que tous les coups tactiques sont plus que jamais permis à ce niveau de performance océanique.
« C’est un peu plus complexe pour moi, puisque je n’ai plus de fleet (système de transmission des données) et que je ne dispose que de très peu d’infos météo. C’est difficile d’avoir une lecture correcte et précise de ce qui se passe. Même si les conditions sont celles qu’on a l’habitude de rencontrer quand on se rapproche de la côte des US, c’est endroit très compliqué, avec des chocs thermiques d’eaux et d’airs et une météo qui évolue vite », explique-t-il. « Armel (Le Cléac’h) a pris un peu d’avance, il est un peu en puissance. Je ne perds pas de vue ce qu’il fait, notamment parce que c’est un bon indicateur des conditions qui ne sont pas simples. »
Gare à Carac…
Le bonheur serait-il dans le près ?… Ou plutôt à rebrousse alizés alors que les températures sont étonnamment chaudes au terme de cette Transat Anglaise aux conditions météo décidément atypiques ? À lire le message reçu cette nuit de Louis Duc (Carac), tout porte à le croire. En tout cas, ce solitaire qui a osé tenter une option radicale, en plongeant Sud-Ouest quand le gros des troupes mettait le cap sur une trajectoire plus conformiste au Nord, a toutes les raisons de sourire et de reprendre des couleurs dans le classement. Ce matin, il affiche de près de 10 nœuds de vitesse quand les premiers de cordée progressent à 7, 4 ou moins de 3 nœuds. De quoi vite venir chambouler la hiérarchie préétablie sur les chemins qui mènent à New York.
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