“« Dans quelques heures - ce sera, j’espère - une ligne de plus sur le palmarès, ce sera surtout une grande victoire, ma première victoire en IMOCA ! »”
14.05.2016
Attendu à partir de 15h (HF) sur la ligne, Armel Le Cléac’h doit s’armer de patience à bord de Banque Populaire. Entretien…
L’arrivée
« Si j’avais un petit plus de vent, ça m’irait très bien. Là, c’est un peu light sur l’eau, ça risque de pétoler. Je ne suis plus qu’à 20 milles de la ligne, mais cela ne va pas être très rapide. Il me reste quelques milles pas très faciles à faire avec quelques manœuvres en perspective. J’aurai bien voulu un final un peu plus cool, mais bon, c’est comme ça ! »
L’avant-goût de la victoire
« Cette traversée n’a pas été simple, elle a aussi été éprouvante et intéressante. On ne s’est pas ennuyé. Ces douze jours sont passés très vite à bord de Banque Populaire. Je suis content du travail fourni sur l’eau, du bateau qui est en bon état et qui a montré son potentiel. Je n’ai pas de problème particulier à bord qui m’ont empêché d’aller vite et de finir la course. C’est déjà très positif… Dans quelques heures j’espère, ce sera aussi une grande victoire. Je suis aussi venu pour ça, pour jouer la gagne, pour remporter une grande course. Ce sera une ligne de plus sur le palmarès, c’est super, mais ce sera surtout ma première victoire en IMOCA ! J’ai souvent fait des belles deuxièmes places : sur cette course là en 2008, le Vendée Globe deux fois, la Route du Rhum, la dernière Transat Jacques Vabre. C’est sûr que gagner à la fin, cela fait très plaisir ! C’est beaucoup de travail pour en arriver là, mais cela montre que la persévérance finit par payer et que je ne suis pas toujours que deuxième ! »
« Ce qui fait la dureté, c’est le rythme qu’il faut tenir pendant douze jours : intense sur la distance. »
La course
« Les transatlantiques, on compare souvent ça à des sprints de demi fond en athlétisme. Ce n’est pas un marathon comme le Vendée Globe, ce n’est pas non plus un sprint comme le Figaro… Ce qui fait la dureté, c’est le rythme qu’il faut tenir pendant douze jours : intense sur la distance. Sur cette course, le parcours aussi est difficile : on en va pas vers le soleil au portant, on progresse plutôt au près dans des températures fraîches avec beaucoup de transitions et une météo qui change toutes les 24 heures et qui demande de mettre à chaque fois en place un nouveau plan de voiles et une nouvelle stratégie. Les conditions pour venir jusqu’ici sont compliquées. On le voit sur la trace, ce n’est pas tout droit ! Tout ça rend la course difficile mais aussi magique ! Elle ne fait pas mentir sa réputation. Tactiquement, stratégiquement, cette Transat Anglaise est passionnante ! »
« Du début à la fin, j’ai vraiment donné le maximum ! »
L’effet « foil »
« Les foils qui équipent Banque Populaire donnent par moment un vrai effet turbo. Il faut le gérer, il faut régler le bateau en conséquence. Il faut aussi gérer la vitesse. Cela change un peu le fonctionnement du bateau. On va plus loin dans la vitesse, plus haut dans la moyenne. Au début, c’est un peu stressant, mais au fur et à mesure on prend ses marques et on arrive à chaque fois à grappiller quelques dizaines de milles en plus, à mieux régler le bateau. C’est un outil formidable pour nos bateaux. Cela ne marche pas à toutes les allures, mais quand ça marche, ça marche bien ! »
État de fatigue
« Les dernières 48 heures ont été assez fatigantes, surtout cumulées à tout ce qu’il y a eu avant. Depuis deux jours, je suis plus en mode Figaro. Le vent était assez compliqué, on a un peu tout eu dans tous les sens avec un épais brouillard, notamment hier : on ne voyait pas à deux mètres. C’était un peu stressant avec beaucoup de bateaux de pêcheurs, des balises… Il fallait vraiment être vigilant ! Il faut encore tenir quelques heures, et je pense qu’après l’arrivée il y aura un bon coup de barre ! C’était une super course, mais aussi un très bon entraînement pour le Vendée Globe : pour me tester par rapport à cet objectif, par rapport à mes concurrents, dont Vincent (Riou) qui n’est pas très loin et qui a fait aussi une super course. Du début à la fin, j’ai vraiment donné le maximum ! »